C’est lui qui j’ai épousé
Un jour en me promenant dans un parc publique j’ai vu un homme qui regardait les passants et tout au tour de lui avec un air bizarre, et une petite dame plus âgée qui lui tenait la main avec fermeté .
Je suis curieuse de nature et timidement je demande à la dame : "Bonjour madame pourquoi ce monsieur me regardait avec insistance et les autres aussi, comme s'il voulait nous sauter dessus ? est t’il dangereux et c’est pour ça que vous lui serrez fort la main ? Savez-vous que, si c’est le cas qu’il est dangereux, ce serait mieux pour vous de ne pas venir dans ce parc publique qui est peuplé d’enfants, même si vous lui serrez fortement la main"
La dame avec tendresse me répond :
Chère dame, ce monsieur n’est pas dangereux il est doux comme un petit agneau et ne fera jamais de mal à personne, nous avons l’habitude de venir ici depuis 50 ans et toujours en se tenant par la main, ce sont nos moments de bonheur et de complicité, si je lui serre fortement la main c’est pour lui rappeler combien je l’aime et que jamais je ne quitterai sa main, si son regard vous a mis peur je suis désolée, car il regarde comme ça peut-être pour retrouver de lointains souvenirs quand en jeune couple nous venions ici.
Oui je comprends mais lui tenir ainsi la main c’est exagéré, vous avez peur qu'il court derrière une autre femme plus jeune que vous ?
La vieille dame avec une larme à l’œil me dit : Non chère dame si je lui serre la main se n’est pas par inquiétude de le perdre pour un autre fille plus jeune, mais voyez-vous mon chéri a l'Alzheimer et j’ai peur de le perdre quand nous sortons
Avec un voix aphone par son doux regard et tant de tendresse envers son époux , et aussi parce que, j’avais honte d’avoir pensé tout autre chose, je lui dis :
Mais avec cette maladie d’Alzheimer il ne se souvient pas qui vous êtes et de ce lieu, pourquoi vous ne le mettez pas dans une maison de ret…je n’ai pas eu le temps de finir ma phrase qu’elle m'a coupé la parole et me dit en posant sa tête délicatement sur sa poitrine:
Jamais je lui laisserai la main, il fut un temps que, j’étais fort malade et lui avec amour, patience même très fatigué après sa journée de boulot ne m’avait pas abandonnée, oh !! je sais bien que lui ne me reconnaît pas, ne se rappelle pas de tous nos sacrifices, notre amour, notre complicité, de nos interminables promenades dans ce même parc depuis maintenant 10 ans… Elle continua avec émois, chère dame;
Je sais qu’il est, ce qu'il a été pour nous deux, et je continuerai jusqu’à la fin de mes jours de lui tenir la main comme au bon vieux temps, car, c’est lui qui m’a rendu la joie de vivre.
Quel belle leçon de vie avec une grande claque que m’a donnée cette petite et fragile femme, jamais e n'oublierai son doux visage ridé plein de tendresse pour celui qui ne sait plus désormais qui elle est... elle qui l'aime tant.
de Lina Randazzo
15 avril 2017
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